Bo Xilai, à l’improviste

In by Simone

Grand, beau, souriant et charismatique. Pour une fois, les critiques des médias nationaux et internationaux ont l’air d’accord. Tous vantent les mérites de Bo Xilai, secrétaire du Parti Communiste de la municipalité de Chongqing, une méga citée de 32 millions d’habitants sur les rives du Yangtsé. 

L’ancien ministre du Commerce est un personnage loin d’incarner le calme et le sérieux du président chinois, Hu Jintao. ‘Il est l’un des rares à être en mesure d’améliorer l’image de la Chine dans le monde’, écrit un fan sur un forum du Global Times

La manière dont Bo est aimé s’est remarquée samedi à son arrivée au Congrès National du Peuple, le parlement chinois, qui a commencé le 5 mars. Ouvert par un long discours du premier ministre Wen Jiabao, l’institution étatique la plus importante de la République Populaire de Chine à la lourde tâche de fixer les objectifs de l’année en cours. 

Mais plutôt que de légiférer, dans la plupart des cas l’Assemblée formalise des décisions prises en octobre au cours du plenum du Parti Communiste. Une route rituelle pour le leader de Chongqing. Bo Xilai a fait son entrée dans le Grand Hall du Peuple, sur les abords de la place Tian’anmen, entouré d’une horde de journalistes. 

‘Un accueil digne d’une star’, titrait le journal officiel en anglais, une député explique au China Daily comment, à l’arrivée de Bo, elle a été obligée de monter la voix pour se faire entendre parmi les cris d’admirations. 

Fils de Bo Yibo, l’un des ‘huit immortels’ de la révolution communiste chinoise et grand supporter des réformes proposées par Deng Xiaoping, la popularité de Bo Xilai lui vient surtout de sa croisade contre le crime dans la municipalité de Chongqing. 

Car c’est grâce à lui que des centaines d’officiels, administrateurs publics et mafieux ont ainsi pu être arrêtés et jugés dans le procès qui s’est vu être le plus sensationnel de ces dernières années. Et c’est grâce à sa lutte constante contre la corruption qu’il s’est vu attribué le titre d’Homme de l’Année’. 

Un Rudolph Giuliani aux caractéristiques chinoises et aux capacités de communication remarquables. Il a par exemple envoyé 13 millions de SMS aux habitants de Chongqing contenant des citations très connues de Mao dans le but de promouvoir la ‘culture rouge’ et pousser la population à étudier la pensée de Mao. 

Des actions qui pourraient lui rapporter des points et lui ouvrir les portes du Comité Permanent du Bureau Politique, un corps de neuf privilégiés au plus haut de la hiérarchie du Parti Communiste Chinois. 

Et même s’il le duo Hu-Wen ne sera remplacé que dans deux ans, la succession semble déjà déterminée. Selon les pronostiques, le poste de secrétaire général du parti, et ainsi chef de l’état pourrait être placée sous la responsabilité de l’actuel vice-président Xi Jinping. Le premier ministre, actuellement Wen Jiabao, serait remplacé par Li Keqiang, l’homme qui en janvier avait impressionné les médias étrangers lors de son discours au Forum Economique de Davos. 

Pourtant entre les deux futurs leaders pourrait se placer la figure de Bo. Trop vieux pour aspirer aux deux positions les plus importantes du gouvernement chinois à la prochaine nomination (en Chine, les officiels sont forcés de se mettre à la retraite à 70 ans) mais trop populaire pour être écarté. Les deux prochaines années pourraient être le premier teste du système démocratique interne au Parti et explorer une nouvelle balance entre les groupes du tuanpi, technocrates issus des rangs de la Ligue de la Jeunesse Communiste et taizi, enfants d’anciens officiels hauts placés auquel Bo Xilai appartient.

Illustration People’s Daily