Les nouveaux médias sont au cœur des préoccupations de Pékin. Un groupe de réflexion, sponsorisé par le gouvernement central en est venu à la conclusion que les nouveaux médias sont en Chine, une lame à double tranchant. Servant d’une part, d’outils formidables de lutte contre la corruption ; et d’autre part, de force subversive.
Pour les chercheurs, les médias de type Facebook pourraient ainsi être utilisés comme outil de subversion de la société s’ils sont manipulés, a indiqué le Professeur Cui Baoguo, vice doyen du département Journalisme et Communication à l’Université Tsinghua, au cours d’une conférence de presse organisée pour la présentation de Bluebook of New Media, une étude réalisée par l’Académie Chinoise des Sciences Sociales (ACSS).
‘Les médias pourraient transformer la société…dans un pays sous développé. Les nouveaux médias sont révolutionnaires et ont le pouvoir déstructurer une société. Ils ont une grande influence dans une société pourtant relativement conservatrice’, a t-il expliqué. ‘Je crois que dans le processus de développement, ils vont graduellement fusionner avec le système étatique’.
Pour Cui, le fait que les médias traditionnels sont en mesure de modeler les attitudes de la société, et qu’ils opèrent sous la censure du gouvernement, restreint ses véritables pouvoirs de subversions. A l’inverse, estime-il, les nouveaux médias ont ce qu’il appelle des ‘limites ambigües’ et peuvent provoquer des conflits.
Le Parquet du Peuple en est venu à la même conclusion suite à une enquête menée au cours du premier semestre de l’année 2010, et s’appuyant sur les rapports, articles de forums et posts de blogs en lien avec l’actualité.
Selon l’étude, les nouveaux outils de communication jouent un rôle de plus en plus important dans la lutte contre la corruption au niveau provincial et les affaires judiciaires. C’est le cas du dossier de l’avocat Li Zhuang condamné à 1 an et demi de prison pour fabrication de preuves. Un verdict que nombre de collègues et internautes estiment ‘défectueux’ et qui les ont poussé à mener une campagne de critiques contre les autorités de Chongqing pendant près de deux mois.
D’après l’étude, les provinces du Henan, où ont été révélé le plus grand nombre d’injustices, et du Guangdong qui abrite les médias les plus ouverts du pays, ont contribué davantage aux sujets de contentieux. Parmi les thèmes les plus abordés sur la toile : les expulsions illégales et le nombre croissant de critiques du gouvernement internés dans des hôpitaux psychiatriques. L’enquête révèle également que la police est sujette aux commentaires les plus négatifs, suivis par les juges.
Il est clair que les nouveaux médias sont responsables de la manière dont les médias traditionnels couvrent les affaires de corruption et d’injustice, dans la mesure où de nombreux cas sont d’abord rapporté par les citoyens eux-mêmes.
La Chine comptait, fin mai, 417 millions d’internautes soit 31.2 pour cent de la population, selon les chiffres du Centre d’Information du Réseau Internet de Chine. Une grande majorité s’implique directement dans les discussions politiques et les problèmes civils. ‘Les campagnes anti-corruption menées par les internautes sont une force importante qui ne peut pas être négligée’, a expliqué le Professeur Yin Yungong, directeur du département Journalisme et Communication de l’ACSS et éditeur en chef de Bluebook of New Media.
Illustration South China Morning Post